Quelques petites précisions:
- Comme les actes de mariage sont conclus en Tunisie par un Officier d'état civil (soit le maire/président de municipalité - généralement son adjoint, soit deux notaires, mais d'autres personnes sont habilitées à le faire**), c'est un arrêté conjoint de 1976 qui a imposé la règle de ne pas marier une tunisienne musulmane à un non-musulman, partant d'une interprétation du code du statut personnel. Arrêté conjoint: du ministre de la justice (autorité de tutelle des notaires), et du ministre de l'intérieur (autorité de tutelle des municipalités). **ex.: les mariages devant les autorités diplomatiques ou consulaires tunisiennes à l'étranger. Mais un mariage de tunisien (s) devant les autorités locales (mairie ou église) à l'étranger ne sont transcrits aux registres d'état civil en Tunisie que s'ils sont conformes à la loi tunisienne.
- Pour prouver sa conversion à l'Islam, il ne suffit pas d'apparences ou de faire des prières, mais bien d'une attestation délivrée par le ministère des affaires religieuses, aussi difficile à obtenir qu'un... permis de conduire!
- la raison de cette "discrimination", car c'en est une à mon avis, est que le droit musulman considère que le musulman est plus à même que la musulmane d'"islamiser" son conjoint. Idem pour l'autre discrimination relative à la succession. Encore heureux que beaucoup de correctifs ont été apportés pour réduire les inégalités! mais le code du statut personnel a laissé dans la confusion certains points, d'où l'arrêt Houria, où la Cour de Cassation n'a pas pris de position de principe, et donc: doctrine partagée, jurisprudence instable, etc..
- Le sujet ne devrait pas être tabou. Ce qui l'est par contre, c'est la question de savoir si une tunisienne peut procamer qu'elle n'est pas musulmane au moment de la conclusion de son mariage et donc que cette règlementation ne lui est pas applicable. Toute règlementation se reférant à la religion est à proscrire, car elle porte atteinte à la liberté de croyance des gens. Elle est contraire à la convention de New York de 1972, ratifiée (quoique avec une réserve) par la Tunisie, et qui proclame que tous les êtres humains sont égaux en droit, quelque soit leur race, sexe...