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Source : Page officielle de la présidence du Gouvernement tunisien - 18 mars 2023

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Éradiquer le marché de change parallèle.
Tel est le troisième objectif cité par la présidence du gouvernement pour la modification ou abrogation/remplacement du code des changes.

Est-ce un vœu pieux, un desideratum, un souhait… quand bien même dans ce cas on se demanderait pourquoi il figurerait officiellement parmi les objectifs recherchés pour modifier un texte de loi ?

Oui, c’est une ambition, un souhait et par conséquent, c’est aussi un non-sens, une incohérence, une inconsistance, une contradiction voire une absurdité que de considérer qu’il suffirait de « modifier » le dispositif légal sur lequel s’appuie les restrictions des échanges financiers avec l’étranger auxquelles sont exposés depuis quatre-vingt-dix ans les Tunisiens permettra d’éradiquer et faire disparaître le marché noir des devises.

Non, ce n’est pas une simple volonté, mais un réel et authentique objectif alors, très probablement, les concepteurs du projet de modification ont pu déterminer la — ou les — cause de l’existence en Tunisie, d’un marché informel de change et ont en conséquence, introduit les « modifications » des règles et des restrictions que jusqu’ici, toutefois, aucun chercheur économiste et aucune institution régionale ou internationale, malgré les dizaines d’études, de rapports, de thèses académiques et de travaux de cadres compétents des administrations sur le sujet, n’ont su identifier à notre connaissance.

Non, ce n’est pas un souhait complaisamment converti en un objectif solennel, si le conseil des ministres du 14 mars 2024 n’avait pas, comme indiqué dans le communiqué qui en est issu, « approuvé un projet de code des changes », mais avait purement et simplement abrogé la loi 76-18 du 21 janvier 1976 et ses textes d’application. Dans ce cas, sans aucun doute, le marché de change noir, informel, parallèle, illégal, irrégulier… n’aurait plus eu de raison d’être tant sur le plan de sa qualification juridique que dans la réalité économique. Le débat serait clos et plutôt que d’introduire ce propos, j’aurais analysé les bouleversements et la conflagration qu’allaient subir l’économie tunisienne non encore préparée à une telle abrogation de sa réglementation des changes, que d’ailleurs, les plus téméraires, imprudents et aventureux politiques et économistes n’ont jusqu’ici jamais envisagée.

En annonçant ainsi, ma conclusion selon laquelle c’est une utopie que de croire que le marché de change informel pourrait être éradiqué par une simple modification du code du change plutôt qu’une abrogation et simple, j’ai choisi un commentaire inversé. Je m’y prête souvent au plan académique ou professionnel par respect pour mes lecteurs qui ainsi seront libres de ne pas poursuivre leur lecture, car, ils entrevoient, s’ils ne les connaissaient déjà, les arguments et la démonstration qui ont conduit à ma conclusion. D’autres, plus curieux ou plus critiques s’attarderont davantage. Pour eux, je reprends ci-après quelques réflexions que les économistes et professionnels se rappelleront pour les avoir découverts sur les bancs de leur faculté, au gré de leurs lectures ou dans leur activité professionnelle.

Quelles caractéristiques du marché de change parallèle tunisien ?

L’activité du marché de change parallèle se pratique contre le « ban » , la réglementation, ses directives et ses rigidités et emprunte d’autres formes et « voies »  que celles prescrites par la loi. Un marché de change informel est un révélateur de l’inconsistance et les contradictions de la réglementation, son image symptomatique. J’y reviendrais, mais, un marché noir de devises porte-t-il vraiment à conséquence ? N’y a-t-il que des répercussions négatives sur l’économie et ses grands équilibres ?

Contrairement à ce que l’on rapporte souvent, parfois même des officiels de haut rang sans jamais pourtant que leurs propos ne soient étayés par des données statistiques, le marché de change ne joue pas contre les intérêts économiques et financiers de la Tunisie et des régions qu’il couvre. Faute de disponibilités de statistiques récentes disponibles auprès du public, il est impossible d’établir une démonstration rigoureuse et scientifique. Je me contenterais donc de conjectures pour me prêter aux critiques de ceux qui ont un meilleur accès aux données et l’espoir d’y accéder.

Dans quelle mesure les taux du marché parallèle s'écartent-ils des taux officiels ?

Au cours des dernières années, le recours au marché parallèle pour couvrir les frais de séjour et de voyage à l’étranger s’est resserré grâce à l’épargne des Tunisiens à l’Étranger et le recours à la technique de l’outgoing.

En effet, aujourd’hui avec près de 2 millions d’immigrés et leur nombre va croissant, les possibilités qu’ont les résidents de pouvoir compter à l’occasion de leurs déplacements à l’étranger sur l’épargne des immigrés là où se trouvent ces derniers sont bien plus importantes qu’il n’y paraît. Cette composante diffuse du marché parallèle est souvent ignorée et on ne tient compte que de la partie visible du marché parallèle, celui que tiennent les « cambistes » aux frontières où dans certains quartiers de la capitale. Les milliers voire millions de compensations interdites aujourd’hui — qui s’opèrent en cours d’années sont conclues le plus souvent à des taux proches de ceux qu’offrent les banques tunisiennes à la vente. Les contacts physiques entre les tunisiens voyageurs et les tunisiens travailleurs à l’étranger par ailleurs, ne sont plus toujours nécessaires, car, à leur arrivée, les voyageurs peuvent disposer de virements instantanés comme le permet la technique bancaire et des services de paiement à l’étranger. Pondérée par les masses en jeu, cette compensation ramène les taux de change du marché parallèle vers le taux officiel* neutralisant subséquemment les écarts avec les taux des marchés parallèles. Les tunisiens non-résidents peuvent ainsi selon l’importance relative de leurs épargnes disposer de dinars sans frais exorbitants payés aux services de transfert d’argent, aux banques locales et étrangères, etc., pour les soutiens qu’ils apportent à leurs familles restées en Tunisie et les investissements, souvent immobiliers qu’ils entreprennent.

La réduction du recours au marché parallèle a été permise indirectement suite au forcing de quelques agences de voyages qui dominent le marché et qui ont contraint à travers un puissant lobbying médiatique **  et le soutien de l’UGTT, la Banque Centrale à leur attribuer des autorisations de transfert de devises de plusieurs dizaines de millions de dinars annuellement, montants mécaniquement soustraits, au moins en partie, au marché parallèle. Sous la couverture légale des autorisations, les clients des agences concernées ont pu disposer de ressources en devises supplémentaires puisées sur les réserves du pays pour régler leurs frais de séjour, de transfert, de transport voire les frais de restauration et d’encadrement à travers des forfaits sans recourir au marché parallèle ni à la diaspora tunisienne. Ainsi pour ces clients privilégiés, l’allocation touristique de 6 000 dinars par an devient accessoire du fait de l’obtention via les agences de voyages d’une « allocation touristique supplémentaire » en contrepartie des commissions qu’ils acceptent de payer à l’agence de voyages qui in fine s’analyse en l’application d’un taux de change surélevé, mais qui permet de disposer légalement d’une allocation plus élevée que celle dont bénéficient les autres Tunisiens. L’outgoing est aussi, dans le cadre de la réglementation actuelle, un dispositif et une technique comparable à celle qu’offre le marché de change au noir, mais qui, ici, est couverte de la légalité que confère l’octroi des autorisations de transfert particulières aux agences de voyages.

Le marché parallèle est-il aussi dommageable à l'économie qu’on le prétend ?

Deux exemples.


Si l’on reprend avec Hamza Meddeb  l’historique du marché de change parallèle focalisé sur le dinar libyen, celui qui a pris le plus d’importance depuis qu’ont explosé les importations depuis la Libye au moment où les besoins des ménages pour les voyages se réduisaient et qui a probablement fait l’objet de plusieurs rapports des autorités, au plan macroéconomique et social, la Tunisie a bénéficié de gains certains des échanges sur le marché parallèle de dinars tunisiens contre dinars libyens puis contre toutes devises convertibles.

Le fonctionnement des échanges transfrontaliers et le marché de change informel qui y est adossé montrent que le change parallèle qui a permis de financer les importations de biens ayant bénéficié de la compensation en Libye puis de produits asiatiques à bas prix a été bénéfique à la Tunisie dans son ensemble et à la zone frontalière tuniso-libyenne, en particulier sur le plan social et de l’emploi. Les dinars libyens et autres devises convertis en dinars étaient celles dont étaient porteurs les voyageurs libyens qui nombreux à un certain moment visitaient la Tunisie pour des motifs touristiques puis pour des soins médicaux. La contrepartie des devises ainsi « soustraites aux banques » et captées par les sarafas étaient restituée à la Tunisie au titre des importations à des prix bien inférieurs à ceux du marché mondial de produits d’ailleurs libres à l’importation, mais qui empruntaient un circuit les exonérant du paiement des taxes de douanes et des frais bancaires ; circuit qui de toute façon aurait été emprunté avec ou sans conversion des devises sur le marché parallèle.

Mais, le plus important pour la Tunisie a consisté à ce que les gains réalisés en Libye par les fonctionnaires et autres intermédiaires libyens qui permettaient que des produits fortement subventionnés par le budget public libyen soient acheminés vers la Tunisie, puis que des produits asiatiques importés à bas prix par la Libye se retrouvent en Tunisie, ces gains étaient quasi totalement réinvestis par les Libyens en Tunisie auprès des banques tunisiennes qui si elles ne traitaient pas la partie change étaient comblées par les dépôts des libyens et expliquent l’installation de nombre de banques dans la zone de Ras Jedir au moment où le marché informel se développait. Le réinvestissement en Tunisie des gains obtenus en Libye a par ailleurs contribué à stabiliser le taux de change du dinar libyen sur le marché parallèle qui a ainsi assuré son maintien et son fonctionnement.

Sur un autre plan, l’ensemble des échanges transfrontaliers apportaient une forme de paix sociale à la région que les autorités ne pouvaient ignorer ou en faire peu de cas.

Un autre exemple que j’emprunte à Hassen Boubakri , « Le cas des costumes Makni » qui illustre l’opportunisme et la rationalité des Tunisiens — et de la Tunisie par voie de conséquence — à tirer profit des différentiels de taux de change que permet le marché informel des devises. La situation se présente très simplement : le taux officiel du dinar libyen était de un dinar libyen pour 2,7 dinars tunisiens. Le taux sur le marché parallèle est exactement l’inverse : un dinar tunisien permettait d’obtenir 2,7 dinars libyens. Makni, une illustre maison de confection qu’on ne présente pas, opérant dans le secteur du luxe, exportait vers la Libye des costumes au prix unitaire de 150 dinars l’unité soit approximativement le même prix que celui qu’elle affichait dans ses magasins de Tunis et ailleurs dont la première vitrine se trouvait à la rue Charles de Gaule. Dans les magasins d’État libyens, les costumes Makni étaient vendus à 60 dinars (libyens). Mettant à profit le taux appliqué sur le marché parallèle, des Tunisiens se rendent en Libye après avoir échangé — au noir sur le marché noir sans autorisation de la Banque centrale de Tunisie donnée à titre général ou particulier — des dinars tunisiens contre des dinars libyens obtenant ainsi en contrepartie de 22,2 dinars tunisiens, 60 dinars libyens. En échangeant 2 220 dinars, le Tunisien pouvait donc acquérir 100 costumes d’une valeur en Tunisie de 16 000 dinars qu’il ramenait en Tunisie pour les vendre à Souk Libya à Tataouine à raison de 35 dinars tunisiens l’unité réalisant ainsi un bénéfice de 35 - 22,2 = 12,8 dinars sur un produit qui se vendait à Tunis à 160 dinars soit 5 fois plus cher. Nul ne se faisait prier à Tataouine où accouraient des Tunisiens de tous les coins du pays pour se vêtir avec de luxe à bas prix. Makni, dont les ventes périclitaient à Tunis et ailleurs, s’empressa d’aller acheter tous les costumes en vente sur le marché de Tataouine à un prix plus cher, 40 dinars, que celui proposé par les commerçants-importateurs-échangeurs au noir. On ne sait pas si Makni a revendu aux Libyens les costumes qu’il a ainsi rachetés et si les commerçants sont allés les racheter et si…. Nul besoin d’un dessin pour illustrer combien les Tunisiens — individus et industries — ont, comme dans l’exemple Makni, gagné et la Tunisie également, grâce au marché de change parallèle tant décrié et en en violant les dispositions de la réglementation.

Ce ne sont que des exemples pour sensibiliser sur la nécessité d’évaluer l’impact du marché de change parallèle dans sa globalité plutôt que sur la base de concepts dogmatiques théoriques mettant l’accent sur les irrégularités au plan légal, fiscal et bancaire, un juridisme dépassé et à déconsidérer que ne cesse de rappeler aux autorités les organismes étrangers tels le FMI. Les autorités tunisiennes dans les exemples brièvement entrevus ont, à l’époque, su réagir pragmatiquement, elles qui ont laissé le dispositif se développer sans intervenir vraiment et l’ont ensuite laissé le marché parallèle centré sur e dinar libyen s’étendre à la Tunisie entière lorsque les besoins en devises pour financer les importations de marchandises à partir de la Libye puis de l’Algérie ont nécessité de collecter les devises disponibles dans les grandes villes et au-delà des zones frontalières et non plus celles dont étaient porteurs les voyageurs libyens dont le nombre avait considérablement diminué suite aux soubresauts et interférences géopolitiques.

Quelle illégalité d’un marché illégal ?
Comme dans le cas du dispositif mis en place pour les échanges transfrontaliers avec la Libye, le marché de change parallèle n’est qu’un maillon d’un microcosme économique et social constitué autour d’un environnement marqué par des dysfonctionnements et des déséquilibres, c’est une réponse, une réaction et non une finalité ou un objectif en soi.

Au meilleur, c’est une mise à profit rationnelle, souhaitée et souhaitable, économiquement et financièrement.

Au pire c’est un pis-aller.

Le marché parallèle n’est illégal — par construction qu’en raison des interdictions issues de la réglementation des changes tunisienne qui s’exercent dans un objectif totalement inversé de celui pour lequel le contrôle des changes a été instauré. Dans les exemples exposés, si la loi avait été strictement appliquée et les intervenants sanctionnés, c’est la Libye qui aurait protégé en fait grâce à la loi tunisienne, elle dont des ressources ont été réorientées vers la Tunisie — avec l’accord politique de ses gouvernants — et non le contraire comme le vise la réglementation des changes !!

C’est le paradoxe de la réglementation des changes en général — quand elle est appliquée dans les économies modernes mondialisées — et celle de la Tunisie en particulier qui figée comme elle l’est et l’a été s’applique aveuglément sans raison au point que le public qui n’a rien compris l’a ciblée avec raison et a déconsidéré les autorités chargées de son application.

Quelles mesures adopter pour réduire l’importance du marché de change informel ?

L’éradication du marché parallèle de change ne devrait jamais être, contrairement à ce que laisse supposer le communiqué de la Présidence du Gouvernement, un objectif en soi, car, autrement, le gouvernement fait le jeu des lobbys qui cherchent à multiplier les points de change « légaux », qu’on a appelés « bureaux de change », pour s’octroyer un pan significatif de l’activité monopolistique des banques et de l’office des postes et permettre de substituer aux box faits de tôle ondulée de la « Wall Street » de Ras Jedir et autres épiceries, une activité derrière des bureaux aux façades vitrées et climatisés, voire chercher à forcer le gouvernement à instaurer une zone franche où deviendraient légaux les échanges de devises et en excluant le dinar tunisien et sa symbolique, identité tunisienne, la valeur et la souveraineté de la Tunisie. Voilà où les lobbys et les intérêts particuliers mènerait le pays à coup de loi et réglementation taillées sur mesure comme pourrait s’y prêter le nouveau code des changes si des précautions n’étaient prises et si toute l’attention des responsables qui y ont collaboré n’était mise en éveil même après son adoption par le conseil des ministres du 14 mars 2024.

L’éradication du marché parallèle doit s’inscrire dans une démarche globale qui dépasse largement le cadre de la réglementation des relations financières avec l’Étranger, car l’avènement d’un marché de change parallèle comme celui de l’économie parallèle est une réponse aux déséquilibres macroéconomiques qu’exacerbe une législation obsolète et déconnectée des réalités, le code des changes en est le parfait exemple lui qui ne doit plus sa pérennité et sa résilience qu’aux insuffisances et déséquilibres budgétaires, des échanges avec l’extérieur, du marché de l’emploi.

Cette présentation sera étendue et probablement développée à la lecture du projet de code de change nouveau une fois l’embargo l’entourant jusqu’à ce jour, soit depuis plus de deux semaines, sera levé.


Postface
Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet que je n’ai fait que survoler en réaction à l’inscription en tant qu’objectif d’un amendement du code des changes, l’éradication du marché de change parallèle, je recommande ces lectures :

Réformes pour une économie durable et équitable — Contribution de la jeunesse sociale-démocrate/GSD-Génération Sociale Démocrate, Génération Avenir, Friedrich Ebert Stiftung ; Asma Jedidi [et 7 autres auteurs]. — [La Marsa] : Friedrich-Ebert-Stiftung, 2022. - 103 Seiten = 1,7 MB PDF-File. — Electronic ed. : Tunis : FES, 2022

BOUBAKRI, Hassen. Échanges transfrontaliers et commerce parallèle aux frontières tuniso-libyennes In : Maghreb, dimensions de la complexité : Études choisies de l’IRMC (1992-2003) [en ligne]. Tunis : Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, 2004 (généré le 30 mars 2024). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/irmc/1591>. ISBN : 978-2-8218-5048-4. DOI : https://doi.org/10.4000/books.irmc.1591.

Meddeb, Hamza. Courir ou mourir : course à el khobza et domination au quotidien dans la Tunisie de Ben Ali. PhD diss., Paris, Institut d’études politiques, 2012.

« Le marché parallèle des changes en Algérie : L’incontournable unification pour soutenir la croissance économique — El watan.dz », consulté le 31 mars 2024, https://elwatan-dz.com/le-marche-parallele-des-changes-en-algerie-lincontournable-unification-pour-soutenir-la-croissance-economique.

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* Les taux officiels, bien sûr, ne sont pas les taux d’équilibre pour l’économie ni ne reflètent réellement le taux d’une saine confrontation de l’offre et de la demande de devises contre dinars et plus particulièrement en l’absence d’un marché de change parallèle. C’est une autre question cependant.

**   « Tourisme : L’Outgoing agonise à cause de la BCT », consulté le 31 mars 2024, https://www.businessnews.com.tn/tourisme--loutgoing-agonise-a-cause-de-la-bct,520,61034,3.
  admin, « Outgoing : la BCT tire le tapis sous les pieds des agences de », Tourisme, hôtels, voyages en Tunisie et ailleurs (blog), 16 juillet 2017, https://www.destinationtunisie.info/outgoing-bct-tire-tapis-pieds-agences-de-voyage/.
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Commentaire des textes et projets / Code des changes : 2. Freiner les flux financiers illicites
« Dernier message par Salim1980 le 28 mars 2024, 09:30:50 pm 21:30 »
Source : Page officielle de la présidence du Gouvernement tunisien - 18 mars 2023

Bonsoir,

Je poursuis l'examen des objectifs que la présidence du gouvernement a mentionnés au sujet de la modification du code des changes et j'aborde aujourd'hui l'examen du second objectif.

Le second objectif est
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Freiner les flux financiers illicites

« Illicites » est synonyme de illégaux, frauduleux, prohibés, illégitimes, interdits, proscrits, irréguliers, extra-légaux, défendus, etc.

Il y a de tout cela dans l’actuel Code des changes, mais, partir des définitions classiques et communes nous entraînerait dans un commentaire sentencieux, très éloigné de notre objet qui faut-il le rappeler, s’inscrit strictement et simplement dans le cadre de la prochaine mise à la disposition du public d’un projet de texte de loi portant amendement, abrogation, modification, etc., de l’actuel code des changes promulgué par la loi n° 76-18 du 21 janvier 1976, voilà bientôt un demi-siècle et qui a bénéficié d’une modification majeure en 1993.
Ledit projet a été adopté par un conseil des ministres en date du 14 mars 2024, mais fait l’objet d’un embargo pour des motifs non portés à la connaissance du public, peut-être, afin d'en faire la traduction en langue arabe puisque la seule version fuitée — et paraît-il non conforme à la version adoptée — est en langue française. Peut-être aussi pour permettre au président de la République de trancher des choix en balance car, c'est en son nom que le projet sera soumis aux députés.

Donc pour introduire ce commentaire et clore cette trop longue introduction, mieux vaut retenir la définition que donne le Fonds Monétaire Internationale :
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Les flux financiers illicites désignent les mouvements transfrontaliers de fonds qui sont gagnés (corruption, contrebande…), transférés (fraude fiscale…) et/ou utilisés (financement du terrorisme…) de manière illégale .

Le code des changes en tant qu’instrument de lutte contre les transferts financiers illicites
Transposée à l’objectif que sous-tend la modification du code des changes, la définition que donne le FMI des transferts financiers illicites signifierait que les autorités tunisiennes viseraient désormais à travers sa modification à :
1.   réduire les possibilités de génération de fonds issus de la corruption, de la contrebande, de l’économie parallèle, etc., qui in fine seraient importés et exportés de et vers la Tunisie,
2.   réduire l’évasion fiscale qui érode la base d’imposition des recettes fiscales de l’État tunisien à travers, principalement, la conservation à l’étranger des bénéfices et revenus des investissements des résidents en dehors de la Tunisie ainsi qu’en sens inverse les entrées de capitaux illicites provenant de la fraude fiscale des étrangers qui seraient investis et déposés en Tunisie sans que réellement le pays n’en bénéficie autant que les avoirs tunisiens bénéficient aux pays étrangers et à leur économie
3.   réduire les entrées de fonds pouvant financer des activités liées au terrorisme et assimilées en Tunisie.

Les objectifs ultimes de la lutte internationale contre les transferts financiers illicites, ainsi définis et extrapolés au contexte et à l’environnement tunisien sont considérables même en l'absence d'un contrôle des changes.

Ces objectifs sont poursuivis par un grand nombre de pays qui à la différence de la Tunisie, ne disposent plus d’un instrument de contrôle aussi puissant – en théorie -que le contrôle des changes et son code. Tous ces autres pays, pour la plupart des pays ex-colonisateurs, ont très sensiblement assoupli leur réglementation des changes au sortir de la guerre et de la fin du Plan Marshall qui les a soutenus à la différence des pays ex-colonisés abandonnés*. Mais même parmi ces autres pays, rares sont ceux qui ont complètement démantelé leur contrôle des changes**.

En Tunisie, le contrôle des changes a été et est resté fortement accolé à des considérations principalement financières et à la protection des ressources et avoirs du pays, c’est-à-dire aux mêmes considérations qui ont veillé à son instauration en 1939 en Tunisie et ailleurs. Rares, voire inexistantes sinon très limitées, ont été les initiatives prises en Tunisie pour utiliser le contrôle des changes à d’autres fins que celui pour lequel il a été instauré sinon à protéger les bénéficiaires d'une économie de rente naissante***. La récente circulaire prise par le nouveau gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie de soumettre à communication les transferts reçus au profit des associations — circulaire n° 7 du 11 mars 2024 — n’aurait jamais pu être prise (ou actualisée) en l’absence de l’assise juridique que lui conférait l’existence et l’application en Tunisie d’un contrôle des changes primaire. Cette initiative reste cependant marginale, très marginale au regard des moyens et du dispositif mis en place en Tunisie au niveau du système postal et bancaire pour la communication relative aux échanges financiers transnationaux, édifice qui tombe progressivement en désuétude malgré des investissements multi-décenaux.

Gageons que la mention par la Présidence de la République d’un objectif de limitation des transferts financiers illicites parmi les objectifs assignés à la modification du code des changes procède de cette démarche sainement opportune de mettre à profit le dispositif du contrôle des changes pour lutter contre un fléau international que peinent les pays du monde à endiguer et qui, à grands frais et création de comités, organisations et normes dont le coût n’est souvent pas évalué (GAFI : Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux, le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales [OCDE], BEPS : Base erosion and profit shifting (OEDC/G20)) mettent en place. Leur entreprise vise en fait à asseoir un dispositif comparable à celui du contrôle des changes, mais qui ne dit pas son nom et qu’en aucun cas, pour des raisons d’abord dogmatiques, ils ne reconnaîtront.

Le contrôle de l’application du contrôle des changes
Au-delà de cette vision contemporaine et actuelle, il reste qu’un transfert financier illicite est aussi un transfert extra-légal, c’est—à-dire effectué en infraction aux dispositions du code des changes et de ses textes d’application. Fixer un objectif de réduction des transferts financiers illicites est, dans ces conditions, une reconnaissance formellede la présidence du Gouvernement, de l’insuffisance des contrôles et leur carence à intercepter et bloquer ces transferts.

Mais au fait qui donc, aujourd’hui et hier, procède aux transferts licites et illicites dans le régime des paiements extérieurs de la Tunisie ? Selon le code des change - art. 3 de la loi 76-18 - ils sont au nombre de trois :
-   la Banque centrale de Tunisie pour les transferts qu’elle réalise pour le compte des banques, de l’office des postes et le gouvernement et le trésor tunisiens,
-   les banques et l’office des postes pour leurs comptes et le compte de leur clientèle.
Techniquement, il est donc impossible qu’un transfert financier de devises ayant pour contrepartie des dinars intérieurs tunisiens puisse être effectué sans l’intervention de ces trois acteurs. A contrario, si des transferts illicites ont été effectués comme l'établit la présidence du Gouvernement qui cherche à les « freiner », une défaillance des dispositifs de contrôle au sein de ces trois entités et des contrôleurs qui les « contrôlaient » est officiellement reconnue.
Il reste donc à espérer que les modifications apportées au code des changes dans le projet qui a été adopté par le conseil des ministres du 14 mars 2024 aient pris en considération l’insuffisance des dispositifs de contrôle au sein des entités autorisés à des transferts de devises et de l’insuffisance du contrôle des contrôleurs, s’il en est, et des fausses assurances que peuvent donner l'existence formelle de contrôleurs ou leur existence sinon à la réduction du nombre des intervenants qui comme, en matière d'opérations de banque et d'opérateurs de paiement, ne seraient pas autorisés à effectuer certaines opérations si elles ne démontrent pas leur capacité à le faire.

Rendre licite l’illicite
Atteindre l’objectif assigné en matière de réduction des flux financiers illicites consiste aussi, très simplement, à réduire la « liste des opérations illicites aujourd’hui » c’est-à-dire changer le statut de ces opérations d’interdites, prohibées, soumises à autorisation, etc. au statut d’opérations libres et libérées. C'est simple techniquement mais couteux économiquement et financièrement dans l'état actuel de l'économie tunisienne.

Conclusion
L’examen du projet de code des changes adopté permettra d’apprécier dans quelle mesure les trois déclinaisons de la mise en œuvre du second objectif assigné à la modification du code des changes que je viens succinctement de présenter auront été envisagés et appliqués par les départements techniques et les ministères associés à la réunion du conseil des ministres du 14 août 2024.

Sur la base de cet examen attendu et que je prévois d'entamer dés la levée de l’embargo qui affecte le projet de code des changes nouveau adopté, ce commentaire sera approfondi davantage, car, on ne doute pas des difficultés de l’entreprise et surtout des insuffisances que cette mise en œuvre va engendrer au point que des difficultés nouvelles puissent naître et annihiler les avantages futurs supposés par de nouvelles carences, déficiences et incomplétudes.


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* Le Plan Marshall mis en place en 1948 n’a pas directement démantelé les contrôles des changes, bien entendu, cependant il a favorisé la croissance économique, la modernisation industrielle et le renforcement des échanges commerciaux entre les pays européens, contribuant ainsi à la stabilité politique et à la croissance de la région et leur a ainsi permis d’assouplir considérablement leur contrôle des changes.
 ** Pas même les États-Unis d'Amérique que l'on cite comme étalon de la la liberté économique et de change, qui à ce jour  maintiennent certaines restrictions sur les paiements et les transferts pour les transactions internationales courantes afin de "répondre aux menaces contre leur sécurité nationale, leur politique étrangère ou leur économie."
*** Bien sûr, la Tunisie n'a pas de pétrole iou une autre ressource naturelle qui comme le souligne Thierry Brésillon, " permet, avec un minimum d’investissements, de remplir les caisses de l’État, de bâtir des fortunes personnelles, d’importer les biens de consommation et d’acheter la paix sociale." "Économie de rente" est interprétée ici dans le sens où "La ressource créatrice d’opportunités d’affaires en Tunisie, captée par un cartel de familles, c’est le régime d’autorisations et de licences qui verrouille l’activité économique. Et plus précisément, les relations avec l’autorité politique qui l’instaure et l’administration qui l’applique." Source : « En Tunisie, l’économie de rente a été plus forte que les idéaux de la révolution », Middle East Eye édition française, consulté le 28 mars 2024, https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/tunisie-economie-rente-justice-sociale.
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Droit International / Testament
« Dernier message par souissipro le 27 mars 2024, 04:34:49 pm 16:34 »
Bonjour,

Je suis bi-national France/Tunisie et je voudrais rédigé un testament. J'aimerais savoir qu'elle loi successorale s'appliquerait-elle sur les biens mobiliers et immobiliers situés en Tunisie au cas ou je designe dans mon testament la loi française comme étant la loi qui s'appliquerait à ma succession. Le testament sera rédigé en France.

J'ai entendu parler que c'est toujours la loi successorale  tunisienne qui s'appliquerait aux biens immobiliers situés en Tunisie, mais je ne suis pas sûr.
Pourriez-vous me clarifier cette question.
je vous remercie d'avance.
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Commentaire des textes et projets / Code des changes : 1. Rassembler dans un même code ...
« Dernier message par Salim1980 le 27 mars 2024, 11:28:54 am 11:28 »
Source: Page officielle de la présidence du Gouvernement tunisien - 18 mars 2023

Bonjour,
Il était question aujourd'hui que j'entame les commentaires de la liste des objectifs assignés à la modification du code des changes publiée par la Présidence du Gouvernement par un commentaire général concernant les douze objectifs à la fois. Cette démarche ne me paraît plus la plus indiquée; il est préférable de la garder pour la fin ; à la fin des commentaires car, alors, elle sera mieux comprise et justifiée.
 
Le premier objectif est donc de
Citer
Rassembler dans un même code des textes épars et complexes devenus anachroniques et manquants d’intelligibilité pour les opérateurs économiques et professionnels.

Un objectif surprenant surtout qu’il figure en première position !

Mais, depuis le temps et près d’un siècle, ne parle-t-on pas que de « code des changes » ?
Pourquoi donc, en 2024, se fixe-t-on pour objectif de « rassembler dans un même code des textes… ». Tous les textes relatifs aux opérations de change sont d’ores et déjà regroupés dans un seul texte de loi. En tout cas, c’est ce que prévoit l’article premier de la loi 76-18 du 21 janvier 1976 qui énonce :
Citer
Article 1er :
Les textes publiés ci-après et relatifs aux relations financières et de commerce extérieur entre la Tunisie et les pays étrangers sont réunis en un seul corps annexé à la présente loi, appelé « Code des changes et du commerce extérieur ».

Donc, l’objectif de la refonte du « code des changes » ne peut être celui de regrouper les textes, ils le sont déjà et ils ne sont, juridiquement, nullement « épars » ou « éparpillés ».

Ils pourraient être matériellement « épars » dans la mesure où certaines dispositions relatives au change sont énoncées dans d’autres codes et lois (au plus six ou sept lois) dont un ou deux articles abordent la notion de résidence particulière à certains domaines économiques ou dans les dispositions du Conseil du Marché Financier.
Il y a aussi, les dispositions réglementaires émises par le ministère des Finances, par avis de change, une douzaine tout au plus qu’il est aisé de joindre au code des changes en y créant une partie réglementaire qui les regroupera. Il y a enfin les circulaires de la Banque centrale, des dizaines et des dizaines, pratiquement jamais consolidées qui sont émises sans discontinuer et qui, réellement pour le public, posent un problème de transparence et de lisibilité, car, toutes ne sont pas publiées au Journal officiel même lorsqu’elles concernent le « public » qu’on ne saurait définir puisqu’il ne l’a jamais été en matière d’opérations de change.

La Banque Centrale d’ailleurs, en matière d’opérations de change, ne devrait jamais être autorisée à publier des textes réglementaires touchant le public, seuls des textes d'ordre technique à destination des banques pourraient l’être quand elles n’affectent pas les droits du public (particuliers et entreprises) car, autrement on accordera à la Banque centrale un pouvoir d'autorisation à titre général en sus du pouvoir d'autorisation à titre particulier dont elle dispose déjà alors qu'on voudrait précisément lui retirer ce pouvoir. Cette prérogative devrait être laissée au ministère des Finances (et non du Commerce comme je l'avais indiqué par erreur) sinon au pouvoir législatif et à l'Assemblée des Représentants du Peuple dans le cadre de la Constitution de 2022. Nous reviendrons, ultérieurement, sur cette question.

Fort heureusement cependant, la Banque Centrale de Tunisie consciente des difficultés a pris le soin de publier et de mettre à la disposition de tout public, un recueil des textes qui, a effectivement regroupé, au moins 90 % des textes utiles. Ce recueil est disponible sur le site de la Banque Centrale même si son actualisation semble avoir été suspendue depuis 2022 puisque la version disponible en ligne remonte à l’année 2021* selon la plus récente consultation effectuée ce jour. L’initiative de la banque centrale est à louer, à ce sujet.

Toujours est-il que les textes de base et les textes d’application relatifs aux opérations de change ne sont ni juridiquement et ni matériellement « épars » et que l’objectif de leur regroupement n’est pas suffisamment consistant pour justifier la modification du code des changes et/ou son abrogation/remplacement déclarée entamée depuis deux ans.

Le premier objectif deviendrait, alors, la décomplexification des textes qui manqueraient d’intelligibilité et l’abrogation des dispositions et définition anachroniques. Oui, en soi c’est un objectif. Est un motif juridique ? Probablement pas, car, considérer que les textes actuels sont complexes c’est en quelque sorte :
-   soit revenir sur la qualité des travaux de ceux qui les ont élaborés et entretenus durant prés d’un demi-siècle, éventualité qu’il est rationnellement impossible d’envisager sans qu’il ne soit nécessaire de le justifier
-   soit considérer la compréhension des dispositions par ceux qui aujourd’hui tentent de les comprendre et les analyser est limitée ou dont les prédispositions académiques et intellectuelles sont limitées en matière d'opérations de change sur le plan technique ce qui est, fort possible bien qu’étonnamment l’administration recèle encore de cadres compétents, en activité, en mesure de vulgariser les dispositions du code et de les faire comprendre à leurs aînés et puinés.
Ces cadres pourront aussi démontrer que des dispositions anachroniques ne le sont pas toujours. La méconnaissance du domaine et de la technique peuvent, par un réflexe primaire naturel, laisser certaines personnes — notamment quand elles disposent d’un pouvoir de décision — considérer des dispositions et termes comme anachroniques ce qu’elles n’arrivent pas à concevoir simplement.

En conclusion, il est confirmé que le premier objectif assigné au projet du code des changes mentionné sur la liste publiée par la Présidence du gouvernement ne peut constituer concrètement et réellement, après examen, un objectif légitime, clair, prioritaire et réaliste pouvant commander une modification du texte de loi qui aura nécessité l’intervention de plusieurs départements administratifs et gouvernementaux durant deux ans.

Cette opinion sera bien entendu, opposée au texte du projet adopté par le conseil des ministres quand celui-ci sera mis à la disposition du public et que l’embargo l’affectant sera levé. Le cas échéant, l’opinion pourra être édulcorée, voire atténuée même si « rassembler dans un code » ne le sera jamais, au futur puisqu’il l’est au présent.


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* Avril 2022, selon une nouvelle consultation effectuée ce jour, le 31 mars 2023.
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Source: Page officielle de la présidence du Gouvernement tunisien - 18 mars 2023

Bonjour,

La Présidence du Gouvernement tunisien, en date du 18 mars 2024 à 13 h 58, en réaction à la publication sur un site d’informations financières, d’un projet de loi portant abrogation du code des changes promulgué par la loi 76-18 du 21 janvier 1976 qui s’est avéré en plus d’avoir été « fuité » différent de la version définitivement adoptée par un conseil des ministres, a publié, sur sa page Facebook, la liste des objectifs poursuivis à travers l’élaboration d’un nouveau code des changes.

À ce sujet, il est à rappeler que le communiqué issu du conseil des ministres présidé au nom du Président de la République par le chef du Gouvernement en date du jeudi 14 mars 2024, a mentionné dans sa conclusion que « Le code des changes a été discuté et approuvé, et qu’il a été décidé de diffuser ses concepts à travers un plan de communication à destination des citoyens, des professionnels et des investisseurs, par la Banque Centrale de Tunisie et le ministère des Finances. »

Le code des changes, sa modification ou ce qui est davantage dans l’air des temps depuis la « Révolution », son abrogation suivie par son remplacement par un autre code pour marquer pour l'histoire l’action de ses auteurs comme un rameau de palmier et prendre date et heure de l’intervention de ceux qui l’auront réécrit en paraphrasant leurs aînés et précurseurs, continue à jouer de l’Arlésienne : on en parle beaucoup, y compris ceux qui n’en ont entendu que parler, mais ne l’ont, nulle part, vue et ses versions se succèdent sans qu’on ne sache laquelle a précédé celle qui la suivie ni si celle qui la suit n’a pas été elle-même déjà suivie et remplacée.

Il reste que l’initiative de la présidence du Gouvernement d’énoncer la liste des objectifs constitue une occasion propice de discuter de l’Arlésienne avant que l’Assemblée des représentations du peuple la fasse sienne si tant est que dans un avenir proche, celle-ci lui soit adressée.

Douze objectifs sont énoncés de quoi en faire douze réponses à ce premier message. Les internautes — membres des forums — pourront s’abonner afin d’être automatiquement informés des commentaires qui seront formulés dans les prochains jours.

Mais en fait, il y aura treize compléments à ce premier message, le premier sera donné à titre général en tant qu’évaluation de l’ensemble des douze objectifs affichés et leurs motivations sur le plan du principe et des finalités. Pour un accès rapide aux commentaires liés à chaque objectif voici un lien direct pour chacun :

À bientôt.

Bien cordialement.
26
Commentaire des textes et projets / Retrait du projet de code "fuité"
« Dernier message par Administration des forums le 26 mars 2024, 10:41:58 am 10:41 »
Le projet « fuité » selon le communiqué publié par le ministère des Finances n’est plus joint au message.

Citer
بلاغ
تعلم وزارة المالية أن النسخة التي نشرها موقع صحيفة الكترونية  مختصة في الشأن الاقتصادي حول مشروع قانون تنقيح مجلة الصرف والتي تم تداولها بعدد من صفحات التواصل الاجتماعي؛ هي نسخة غير مطابقة للنسخة الرسمية  التي صادق عليها مجلس الوزراء بتاريخ  14 مارس 2024 .
وإن وزارة المالية اذ  تستنكر هذه الممارسات التي من شأنها مغالطة الرأي العام في واحدة من أهم الأصلاحات التي تقوم بها الدولة التونسية, فإنها تدعو لضرورة مزيد التحري  وتفادي  نشر  معطيات زائفة
.

Une recherche sur le WEB permettra cependant de retrouver le contenu du projet sachant que la source originelle de la fuite, le site d'il-boursa, a également retiré sa publication.

En effet, selon nos constats à l’issue de l’examen du dit projet fuité, il ressort clairement qu’au regard des profils des membres du gouvernement qui ont validé le projet de texte relatif au « code des changes » le projet fuité ne pouvait en aucun avoir été validé par leurs soins en raison des non-sens, incohérences, contradictions, non-respect des règles primaires de rédaction d’un texte juridique et des fautes de frappe et erreurs d’orthographe.

Sur le fonds, il a été convenu à Jurisite Tunisie de ne pas porter un jugement ou des commentaires des dispositions qui n’ont pas été reconnues avoir été adoptées par une autorité officielle quelconque.
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L'actualité (juridique) et davantage / Le juridisme dans tous ses états
« Dernier message par Jamal le 25 mars 2024, 05:52:14 pm 17:52 »

Une fois n’est pas coutume nous reprenons dans son intégralité un article de Kapilis qui de temps en temps nous surprend agréablement par d’excellents articles. Celui de Moktar Lamari, économiste universitaire, en fait partie, pour dénoncer la course à la préparation des textes comme si ces derniers permettaient de résoudre les difficultés de toute nature qu’endure la société tunisienne.

Alors que les files d’attente se multiplient en Tunisie, que les jeunes cherchent par tous les moyens à quitter le pays, que l’investissement s’étiole dangereusement et que la récession perdure, le conseil de ministres multiplie les projets de loi et décret, comme s’il n’y en a pas assez.

On préfère regarder ailleurs que la grave récession économique qui secoue le pays (croissance négative pour deux trimestres successifs). On légifère et on discutaille de tout sauf de l’économique et de la paupérisation du pays et de ses populations. Et comme si les problèmes économiques et déficits budgétaires et incertitudes monétaires se résolvent par des décrets et des lois. Par un trait de crayon…

Tout le monde sait qu’on ne change pas trop au marasme économique par des décrets, par des lois et par de la gesticulation qui donnent l’impression que le gouvernement est en plein rendement et qu’il prépare les textes pour faire fonctionner le parlement et ensuite les administrations publiques.

Un « agenda setting », hors sujet !

Tout le monde en Tunisie sait qu’on légifère et on met des lois qu’on ne peut toujours pas opérationnaliser et mettre en œuvre, puisque improvisées et qui requièrent beaucoup de textes d’application et de moyens pour être mises en œuvre et être utiles.

On superpose les lois, on accumule les décrets, et on multiplie les circulaires… pour se faire bonne conscience. Le tout se fossilise et fait que l’administration publique en Tunisie n’est qu’un fourre-tout de réglementations inutiles et contradictoires.

Mais, c’est mieux que rien, le gouvernement donne l’impression qu’il travaille et qu’il joue son rôle, même si cela ne change rien ou presque aux précarités et indigences des citoyens. Trop loin de leur vie au jour le jour, et sans liens directs des urgences qui paralysent le pays.

Qui fixe l’ordre du jour du conseil de ministres? Dans les pays démocratiques, ce sont les urgences et les pressions liées. Pas la bureaucratie qui s’érige en maître absolu, indépendamment des urgences et des impératifs du contexte. Un conseil de ministres c’est pour solutionner les problèmes des citoyens, dans l’ordre des priorités où ils se présentent.



On ne veut surtout pas discuter des sujets qui fâchent. On évite ces problèmes brûlants et on façonne un ordre du jour lissé, fade et à côté de la plaque. Tout le monde est beau, tout le monde est gentil.

L’économique, 5e roue de la charrette ?

En Tunisie, l’État dominé par les juristes (de la pensée napoléonienne) aime légiférer, multiplier les textes et les procédures, alors que la gouvernance moderne s’appuie sur l’efficience économique, l’efficacité opérationnelle et l’économie dans les ressources (EEE).

Comme toujours, ces réglementations et décrets ne sont pas analysés de façon ex ante, pour mesurer leur impact sur les processus (lenteur, bureaucratie, contrôle) et apprécier le rapport coût/bénéfice de leur rendement et applications. C’est une façon de compliquer la vie des investisseurs qui veulent investir, pour prolonger les processus administratifs, alourdir la bureaucratie et exagérer son pouvoir.



La bureaucratie en grandeur nature

La Tunisie continue de traîner cette logique fondée sur un juridisme suranné et dépassé dans les sociétés qui ont compris que le juridisme excessif ne peut que finir par entraver la croissance, l’investissement et la prospérité.

Que du juridisme primaire, aucune annonce d’investissement, aucune mesure à portée économique pouvant donner de l’espoir pour les 700 000 chômeurs, pour donner l’impression que l’État cherche à améliorer les services publics, ou à réduire les pénuries et les files d’attente.



Que de la poussière, sans résultat

Le juridisme en vigueur en Tunisie cache l’incapacité des membres de l’élite devenus ministres à solutionner les problèmes économiques brûlants : recul de l’investissement, recul de la productivité, pénurie, exode des jeunes, baisse du pouvoir d’achat, pauvreté, analphabétisme, violence contre la femme…



Peut-être que politiquement c’est plus intéressant de ne pas évaluer les hauts responsables, et on fonctionne mieux avec les « incompétents » : ils sont dociles, et facilement pointés comme boucs émissaires et/ou fusibles à faire sauter pour se protéger contre l’ire de l’opinion publique.



Une belle partie de la réunion (du dernier conseil des ministres) a été réservée aux autocongratulations et de la satisfaction d’usage, mettant en relief la « performance du gouvernement ».

À des années-lumière du progrès et des nouvelles méthodes de gestion et de gouvernance.

Tragique…

Source : Kapitalis
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Selon le décret n° 2024-86 du 26 janvier 2024 , le Président de la République a procédé au doublement de la durée initialement prévue pour la remise des rapports des comités d’audit au Comité de pilotage présidé par le Chef du Gouvernement : deux mois à compter du 20 décembre 2023 soit quatre mois à compter de la date du début de leurs travaux entamés le 20 octobre 2023 au lieu de deux mois initialement prévus.

Le 21 mars 2024 était la nouvelle date ultime pour la remise du rapport. Selon les informations officielles disponibles auprès du Chef du Gouvernement et de la Présidence de la République, cette remise n'a pas officiellement eu lieu.

S'achemine-t-on vers un nouveau report ?
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Commentaire des textes et projets / L'IACE et le code des changes
« Dernier message par Yacin le 19 mars 2024, 04:34:35 pm 16:34 »
Bonjour,


... l’IACE a publié une note pour présenter les éléments d’évaluation des projets de code des changes disponibles. Cette évaluation s’est basée sur la version présentée par la banque centrale en 2023 et du projet de code fuité

L’IACE a tenu à soulever que divulguer le projet du code des changes s’avère indispensable et que la consultation des différentes parties prenantes ne remplacerait pas une approche participative plus soutenue, néanmoins, nous espérons que le nouveau code approuvé lors du conseil des ministres répondrait aux attentes et mesures réclamées par les entreprises pendant des décennies.

...

Dans son évaluation, l’IACE a identifié cinq problématiques rencontrées par les opérateurs liés aux:
    délai d’attente pour les autorisations;
    délai d’attente pour le rapatriement de devise de l’étranger;
    Inadéquation de l’allocation fixée pour les missions à l’étranger;
    Le coût de l’expertise, analyses et contrôle de matériel et produits;
    Plafond IDE.

Les  solutions  proposées  par les  opérateurs économiques pour  les  problèmes  rencontrés  ne  sont  pas d’ordre réglementaire  mais  se  limitent à  la  réduction  des  délais, la simplification  des  procédures  et  à augmenter les délais”, souligne l’IACE.

En guise de conclusion de son évaluation des différentes versions de réforme du code des changes, l’IACE a souligné que ces projets de code n’ont pas tenu compte des recommandations déjà avancées, ou ils n’ ont pas fourni des garanties pour l’amélioration des conditions d’exercice des opérateurs.

Les cinq problèmes mentionnés sont liés principalement à la lourdeur des procédures, les délais d’attente et la fixation des plafonds. Tous ces éléments sont régis actuellement par des circulaires.

Ces versions ne  présentent pas des éléments probants pour l’amélioration de cette situation et pour l’amélioration des conditions d’exercice.

Aucune garantie n’est donnée sur le respect ou la limitation de délais, la simplification des procédures, ou une assurance sur les délais, ou les méthodes de révision des délais.

Ces projets ne donnent aucune assurance sur la potentielle amélioration des opérations d’investissement qui reste soumise à la réglementation et sans aucune assurance par rapport aux délais, ni aux plafonds, ni aux procédures.



Source : TunisieNumérique et IACE
30
Le Conseil de la Concurrence déclare s'être saisi du dossier de la tarifcation imposée aux avocats par leur ordre en vertu de des dispositions de l’article 15 de la qui s'énonce comme suit;

Citer
Art. 15 - Les requêtes sont portées devant le conseil de la concurrence par :
- le ministre chargé du commerce ou toute personne ayant délégation à cet effet,
- les entreprises économiques,
- les organisations professionnelles et syndicales,
- les organismes de consommateurs légalement établis,
- les chambres de commerce et d'industrie,
- les autorités de régulation,
- les collectivités locales.
Le conseil de la concurrence peut, sur rapport du rapporteur général et après avoir requis les observations écrites du commissaire du gouvernement, se saisir d’office des pratiques anticoncurrentielles sur le marché. Le président du conseil informe le ministre chargé du commerce et, le cas échéant, les autorités de régulation concernées de cette auto-saisine. Le ministre chargé du commerce informe le conseil des enquêtes en cours de réalisation par les services du ministère.
Le conseil de la concurrence doit, également, demander l’avis technique des autorités de régulation lors de l’examen des requêtes, dont il est saisi, et qui sont afférentes aux secteurs relevant de leur ressort.
Sont prescrites les actions afférentes à des pratiques anticoncurrentielles à l’expiration de cinq ans après la date de commission de la pratique.
Les requêtes sont adressées au président du conseil de la concurrence par lettre recommandée avec accusé de réception ou directement par dépôt auprès du secrétariat permanent du conseil avec décharge, et ce, soit par l’intéressé, soit par l'entremise d'un avocat.
La requête doit comporter les éléments préliminaires de preuve et doit être présentée en quatre exemplaires rédigés en langue arabe ou accompagnés d'une traduction officielle, faute de quoi l'intéressé sera appelé à rectifier la procédure.
Le secrétariat permanent du conseil transmet au ministre chargé du commerce une copie de toutes les requêtes reçues à l'exception de celles introduites par le ministère lui-même.
En cas d’urgence, le conseil de la concurrence peut dans un délai de trente jours, et après avoir entendu les parties et le commissaire du gouvernement, ordonner les mesures conservatoires nécessaires et susceptibles d’éviter un préjudice imminent, irréparable pouvant affecter l’intérêt économique général ou les secteurs concernés ou l’intérêt du consommateur ou celui de l’une des parties, et ce, jusqu'à ce qu’il statue sur le fond du litige.
Les demandes de mesures conservatoires temporaires ne sont acceptées que dans le cadre d'une action dans le fond préalablement déposée.
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