D’abord je tiens à vous remercier pour votre promptitude à répondre à une question qui est, je le consens, un brin provocatrice.
S’il est vrai que théoriquement, ce "garde fou" qu'est le commissaire aux comptes constitue le dernier rempart contre les éventuels abus que seraient enclins à commettre les dirigeants sociaux, il n’en demeure pas moins vrai qu’en pratique ces « professionnels indépendants », appelés à « certifier » la régularité et la sincérité des comptes, ces « fournisseurs de confiance » comme ils se plaisent à se présenter sont bien loin d’être crédibles et se cachent derrière leur sacro sainte obligation de moyens.
Parlons en de la fameuse obligation de moyens et de la sois disant mise en oeuvre des normes internationales d’audit : combien de cabinets d’audits respectent-ils ces normes qui supposent la mise en ½uvre de sondages (au sens statistique du terme) et de tests de signification qui les amèneraient normalement à rejeter les comptes qui comporteraient des anomalies, erreurs et ou écarts « significatifs » ?
Sans vouloir retourner le couteau dans la plaie, où était le commissaire aux comptes de BATAM et les commissaires aux comptes de l’UIB et de la Banque du sud et de la STAR et …
Les plus courageux d’entre eux se sont contentés de signaler les insuffisances « sans pour autant remettre en cause leur opinion » cela reviendrait à dire que « votre moteur est quasiment mort, que votre carburateur est foutu, que vous n’avez plus de freins et que vos pneus sont lisses mais que à part ça vous pouvez continuer à rouler normalement » ou que « vous avez une tension élevée, du cholestérol, un début de diabète mais que à part ça vous pouvez continuer à manger normalement » est ce que vous accepteriez ça de votre garagiste ou de votre médecin ? Non ? Alors pourquoi continuer à l’accepter des commissaires aux comptes ?
Je suis persuadé qu’en aggravant la responsabilité des commissaires aux comptes en considérant que leur complaisance à favorisé la commission de l’infraction (complicité passive) et en prévoyant qu’ils ne pourront tirer leur épingle du jeu qu’en apportant la preuve du strict respect des normes d’audit, inciterait ces derniers à respecter leur engagement moral et n’hésiteront plus à « révéler » les événements délictueux dont ils auront eu connaissance.
Ceci dit, les fameuses et sacro-saintes normes d’audit en question font actuellement l’objet d’une revue de fond en comble de la part des instances internationales d’audit tant elles ont prouvé leur inefficacité à garantir des comptes fiables à l’échelle internationale, mais c’est là un autre débat !
Bref la question demeure entière « à quoi servent les commissaires aux comptes » dans ces conditions ? Pour moi, et c’est là un avis personnel qui n’engage que moi, je ne peut m’empêcher de faire le parallèle avec la visite technique : c’est obligatoire, c’est théoriquement utile mais ça n’empêche pas, en pratique, des véhicules qui ne sont pas aux norme à continuer à circuler librement, à polluer l’air et à mettre en danger les autres usagers de la route.