Maktoub, le juridiquement in correct !

Comme tout tunisien qui se respecte, je ne pouvais pas échapper à la curiosité de suivre le feuilleton tunisien dont tout le monde en parle. Il ne m’était pas difficile de trouver une raisonnable justification: voir ce que notre télévision fait de notre argent et exercer mes droits d’un bon et loyal contribuable à cette entreprise[1] publique.

Déjà, j’ai commencé ce Mois avec une GRANDE déception venue de la Radio nationale. Depuis mes 1ères années dans la vie des humains, mon ouïe a aimé cette voix de Adel Youssef animant l’heure précédant la rupture du jeûne. Même si je m’attendais à ne plus entendre un jour sa voix, je ne pouvais pas imaginer que "bourekta ya ramadhan bessaffoui welkheiri" disparaitra à jamais de notre radio nationale qui est devenue, durant ce plagiat horaire, triste, sombre, lourde. DOMMAGE.

Dès le 1er jour, j’ai compris que c’est Walid tlili qui assurait l’animation. J’avais raison. L’animation est devenue Trop soufi. Enfin, Walid animait pour lui et son groupe d’amis. Il a oublié que cette radio appartient au peuple qui vit au fond fond de ce pays et que ces gens là ne sont pas habitués à entendre de tels chants et une telle ambiance avant une heure de la rupture du jeûne. Il est temps de se réveiller.

Les antiques comme moi, ont vite zappé. Certains ont atterri à la radio jeunes, d’autres chez zitouna et d’autres ont carrément déserté le tunisien pour voir du coté de nos frères ennemis.

Revenons à Maktoub qui a fait revenir beaucoup de tunisiens à la télé tunisienne même si dans sa season 2, l’effet Hend sabri a influé sur la curiosité des uns et des autres.

Comme tout juriste prétentieux, j’ai suivi quelques épisodes sans état d’âme et avec une froideur glaciale insensible à ce que raconte Tahar Fazaa et indifférent à l’émotion manifeste qui envahit les membres de ma famille.

Je dois avouer que j’été agréablement surpris par le beaucoup de droit que nous fournit le feuilleton: Un avocat, un meurtre, une instruction, des délits, des crimes, des affaires, de la police judicaire, des moyens de preuve etc…

Je dois avouer aussi que j’été perplexe. Dois-je lire Tahar F. comme je le lisais jadis sur Tunis hebdo ou dois je m’adapter à l’effet cactus?

Je suis perplexe car je sais que le scénariste consulte un membre très proche de sa famille et qui est une juriste affirmée et enseignante en droit. Ainsi, le juridique dans son scénario n’a pas une source inculte et il faut tenir, alors, aux petits détails qui peuvent vous placer autrement pour voir sous un autre angle de vue.

Voir un avocat, TUNISIEN, qui cherche les moyens de preuve pour libérer son client et qui se déplace plusieurs fois à la prison m’a fait rêver. Pourquoi pas voir un jour l’avocat tunisien avec autant de pouvoirs, de moyens et (surtout) de professionnalisme!

Le rêve n’a pas duré quand j’entend l’avocat (dans le feuilleton) conseiller à son client d’avouer un meurtre qu’il n’a pas commis et en lui promettant une peine n’excédant pas les 2 ans[2]. C’est trop dit et trop tiré par les cheveux. C’est imprudemment calqué et inspiré des fictions américaines: plaider coupable ou non coupable.

Le top qui m’a fait rire mais intriguer, aussi, c’est de voir un bandit mener l’enquête lui-même et paraît même plus proche de la vérité puisqu’il est plus intelligent et habile que les autres, dont la police judicaire, que le feuilleton a fait qu’elle se déplace aux domiciles pour les interrogatoires  et présente ses commissions rogatoires aux citoyens . C’est un autre rêve.

Si Choko résoudra l’énigme du meurtre avant tout le monde, ca sera un coup dur pour tout le système judiciaire lié à la matière pénale.

Le feuilleton évoque aussi des délits ou crimes perpétués de manière habituelle sans aucun problème: un consommateur de drogue (cocaïne)[3] que tout le monde sait ce qu’il fait, une bande qui joue au poker en plusieurs lieux et un couple vivant ensemble sans lien de mariage.

On sait très bien que de tels faits existent en Tunisie. Mais le feuilleton les présente comme des faits ordinaires et non comme des faits pénalement réprimés et socialement rejetés!

Que faut-il en déduire? une inaction de la société? de la justice? de la police?

A voir de près, le feuilleton est plein d’actions, faits, gestes et situations qui donnent des effets juridiques en abondance et qui auraient dû provoquer une entrée en action de plusieurs acteurs judiciaires: avocats, police judicaire, juge d’instruction procureur de la république, tribunal, cour d’assise etc…

De tous ces acteurs, seul un avocat froid et une police judicaire ridiculisée ont fait leur apparence.

Le pouvoir judiciaire est absent!

Aie! Vraiment on ne sait pas quoi dire si c’est involontaire ou non?

Espérant que le reste des évènements éclispent ces doutes et que le cours des évènement revient au correct sauf si on pense déjà à season 3…


[1] – L’ERTT était qualifié une entreprise publique. Depuis que Radio et Télévision ont été séparées, on ne sait pas si on doit maintenir la dite qualification ou opter pour l’"établissement publique". Cette dernière est plus adaptée.

[2] – Homicide involontaire (article 217 code pénal).

[3] – ce n’est même pas de "Zattla" .

SAVOIR VIVRE (Code de la Route)

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