Le bricolage chirurgical et Erreur médicale

Le patient était admis dans une clinique privée pour subir une opération chirurgicale jugée à priori sans complications majeures au vu des diagnostics faits auparavant. Mais au cours de l’opération et après avoir ouvert le bas ventre du malade, le chirurgien s’est trouvé en face d’une physionomie organique anodine rendant les choses plus complexes que prévu. Le médecin, devant l’obligation de faire un choix parmi d’autres, a choisit une solution qu’il a jugé la plus appropriée et a procédé à quelques bricolages[1] imposés par l’état pathologique des organes du patient.

Après que le patient ait repris conscience, le chirurgien est venu lui expliquer ce qui s’est réellement passé et lui a donné un autre rdv pour une 2ème opération après quelques semaines.

Une semaine après, le patient est venu réclamer son dossier médical en vue de subir dans la semaine une autre opération décidée par autre médecin qu’il est allé consulter.

1 année après, l’état du patient se détériora et décida d’aller se signer en pays étranger où son médecin traitant a conclu à une erreur médicale, un mauvais diagnostic et un manque de professionnalisme manifeste de la part des tunisiens. Le pauvre patient déboursa des sommes colossales durant des années pour subir des différents soins et se trouva après quelques années avec une certaine incapacité grave.

Rentrant en Tunisie, il adressa une lettre au 1er chirurgien qui l’a opéré lui demandant des explications et après réception de celles-ci il lui adressa une 2ème lettre (via son avocat) dans laquelle il l’accusa d’être le responsable de ses maux mentionnant des différents sommes qu’il a dû déboursé. Il faut être dupe pour ne pas comprendre que le patient voulait, en quelque sorte, une réparation pécuniaire ou un dédommagement financier.

Le 1er chirurgien refusa l’offre, l’affaire est portée devant la justice.

Bien entendu, les questions posées s’articulaient autour de savoir s’il y a eu ou non une erreur médicale? De quelle obligation est tenu le médecin? A quel moment y a eu complication? Quelle est la situation du 2ème chirurgien? Le médecin étranger était-il apte à diagnostiquer une erreur tunisienne après des années? Quelle responsabilité devrait assumer la clinique privée?

On peut y ajouter aussi la question de savoir si le médecin est tenu de dresser un rapport post opératoire dans lequel il décrit, en détails, ce qu’il été tenu de faire, ce qu’il a trouvé, ce qu’il a fait et préciser les motifs de ses choix et s’il été tenu d’en délivrer copie au patient?

L’affaire est réellement compliquée car elle mettait en cause tout un système de diagnostic et un système d’information autour de ces opérations qui, parfois, finissent mal et on ne saura jamais pourquoi.

De même, on aurait pu se poser la question sur le rôle du patient dans l’aggravation de son cas par son ignorance du 1er bilan dressé par son 1er chirurgien.

On se pose la question aussi sur la situation du 2ème chirurgien qui a opéré malgré l’existence d’un autre avis recommandant une opération après un certains temps!!! N’a-t-il pas provoqué des dégâts?

Le tribunal ordonna quand même une expertise médicale faite par 3 honorables médecins qui ont rédigé un rapport calamiteux où ils l’on commencé par un constat: l’aggravation de l’état du patient est une conséquence directe de la 1ère opération ; et l’ont finit par une conclusion: le 1er chirurgien n’a pas commis de faute ou erreur médicale. !!!!

Allez comprendre.

L’affaire été une occasion pour mettre un peu de l’ordre dans une certaine pratique médicale qui tend à convertir la médecine en une activité commerciale enrichissante qui se fait en violation manifeste du serment d’Hippocrate.

Malheureusement, rien de ces questions n’a reçu une réponse judiciaire vu que le tribunal constata une prescription d’action, d’où son jugement de rejet.


[1] – Effectivement, les chirurgiens sont souvent amenés à bricoler lors des opérations effectuées pour remédier à quelques déformations organiques (si on peut dire ça).

Ce contenu a été publié dans Droit de la santé, Responsabilité, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *